Projet 3 : Mondialisation discrète en Méditerranée et en Afrique de l’Est

   

Présentation

Les routes de l’échange transnational, maritimes plus que terrestres, ont connu depuis une trentaine d’années de profondes mutations. A un bout de ces routes, on célèbre l’émergence de l’un de ces nouveaux centres, la Chine, d’où partent des produits manufacturés vers l’ensemble de la planète. A l’autre bout, le « Made in China » est particulièrement visible là où il a fait une percée récente, en direction du marché des pauvres (Base of the Pyramid ou BOP). Cependant entre les grands comptoirs d’approvisionnement en amont et un marché émergent de près de deux milliards de consommateurs en aval, les ramifications de ces routes, les places marchandes qu’elles relient, la pluralité des acteurs qui les animent, les imaginaires qu’elles stimulent, les récits qui s’y élaborent autant que leurs ramifications et les lieux qui les jalonnent demeurent encore peu connus.
 
Dans cette perspective, ce projet voudrait montrer comment la circulation de produits mondialisés contribue, fortement et de manière originale, à la structuration de l’espace à différentes échelles et aux interactions entre une pluralité d’acteurs. En portant l’attention  sur les filières de produits chinois qui irriguent les campagnes tanzaniennes, égyptiennes ou marocaines, les enquêtes viseront à décrypter et à analyser comment s’établissent les connexions entre les villages et les comptoirs, comment ces filières relient le rural avec des réseaux internationaux. Et comment au « continuum urbain », répond un continuum de l’entreprenariat lié aux activités transnationales, des colporteurs restés au village aux diplômés qui font carrière dans le trading en Chine.
 
Le projet sera structuré par une réunion en vue de cadrer la méthodologie commune, par des enquêtes de terrain (10 missions) sur des sites déjà connus dans le monde arabe (Algérie, Maroc, Egypte et Tunisie), en Tanzanie et en Chine et par un séminaire conclusif. En outre, un travail de cartographie des mondes marchands transnationaux s’étalera sur toute la durée du projet.
 
L’apport de matériaux empiriques sur le Maghreb et l’Afrique de l’Est permettra d’enrichir la réflexion sur les relations urbain/rural, notamment à travers la comparaison. Une des perspectives est de mieux comprendre comment ces réseaux marchands procurent des réponses aux blocages ruraux (par exemple des terroirs saturés) et plus largement comment ces chaînes de lieux et d’acteurs participent à la transformation des campagnes des Suds.