Sandrine Ruhlmann

  

Présentation

Docteur en anthropologie et ethnologie
sandrine_ruhlmann@yahoo.fr

   

Sujet de recherche


Perception et gestion des maladies animales et politique de contrôle des animaux en Mongolie
 
Au XXIe siècle, en Europe et à l’échelle mondiale de nouveaux dispositifs de surveillance sont appliqués aux animaux (espèce-sentinelle comme bio-indicateur, Keck 2010) et de nouveaux programmes de santé animale sont mis en place (biosécurité, Lakoff & Collier 2008 ; surveillance syndromique, Perrin et al. 2001). Le système classique (abattage et vaccination) reste cependant le plus souvent appliqué (fièvre aphteuse en Grande-Bretagne, Woods 2004 ; tuberculose bovine en France, Berdah 2010). En Mongolie, depuis 1990, date de l’entrée du pays dans la voie de la démocratisation et dans l’économie de marché, les dispositifs officiels en vigueur révèlent une gestion classique, dite de masse, des maladies animales (quarantaine, abattage, vaccination), tandis que le manque d’infrastructures sur le vaste territoire met à mal le respect de la réglementation internationale.

En croisant les perceptions et les pratiques des différents acteurs mongols concernés (ONG internationales et locales, gouvernement, organisme vétérinaire privé, éleveurs) et la réglementation internationale, je propose de comprendre comment, en Mongolie contemporaine, où les éleveurs nomades pratiquent un élevage de type extensif, les dispositifs de surveillance des maladies animales sont déployés et suivant quels enjeux ? Pour cela, j’étudierai la perception et la gestion des maladies animales ainsi que les politiques publiques en matière de contrôle des animaux en Mongolie, à partir de l’étude du cas particulier de la fièvre aphteuse. Apparue en 1930, éradiquée depuis 1973, cette épizootie, virale, extrêmement contagieuse, non zoonotique, réémerge de manière chronique depuis 2000 sur la même partie du territoire mongol, précisément les quatre provinces de l’Est — Sühbaatar, Dornod, Dorngov’ et Hentij (cf. carte p. 6). Partant de l’étude des crises sanitaires et sécuritaires qui touchent les élevages traditionnels, j’analyserai la manière dont les éleveurs, qui vivent en contact avec les animaux, assimilent des mesures de santé publique souvent coûteuses pour l’économie rurale. Ces mesures de régulation sont imposées par une réglementation internationale et il s’agira de mettre en évidence la manière dont l’État déploie des mesures de surveillance des maladies et de contrôle des animaux à différentes échelles, locale, nationale, transfrontalière et panasiatique. Sur un territoire aussi vaste que celui de la Mongolie, représentant trois fois et demie la superficie de la France, l’État doit mettre en place des gestions territoriales des populations animales et une gestion collective de la santé animale. En situation de crise, l’Agence vétérinaire du Ministère de l’agriculture constitue la structure d’urgence chargée de déployer un système de normes de sécurité des populations animales et humaines. Dans ce contexte de crise sécuritaire et sanitaire, l’intérêt consiste à comprendre comment les éleveurs interagissent avec les agents de la santé publique, notamment les vétérinaires privés et les vétérinaires des ONG.