Journée d’étude « Le travail au prisme du design et des sciences sociales. Enjeux et méthodes de leurs collaborations »

Publié le 12 janvier 2018 Mis à jour le 29 janvier 2018
le 29 janvier 2018
9h-16h30
Université Toulouse - Jean Jaurès
Maison de la Recherche, Amphi F417 (nouveau bâtiment)
5 allée Antonio Machado
31000 Toulouse

Le travail connaît actuellement de profondes transformations, au niveau des espaces de travail mais aussi des équipements numériques. Pour penser ces bouleversements, le design et les sciences sociales possèdent des cadres analytiques et des outils méthodologiques pertinents, mais qui souvent coexistent séparément.

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Le design et les sciences sociales ont connu ces dix dernières années de nombreux changements structurels en termes d’enseignement et de recherche. Certains peuvent être tentés de faire du design une science, pour le légitimer en termes académiques. De leur côté, bon nombre de recherches en sciences sociales négligent encore le rôle des objets et de l’espace, et de ce fait du design, pour comprendre et analyser les activités sociales, ce qui constitue un angle mort pour le moins problématique.

Si des récents rapprochements voient le jour, rares sont encore ceux qui travaillent à rapprocher ces deux champs dans leurs fondements méthodologiques voire de composer des méthodologies et synergies communes. Cette journée d’étude entend ainsi favoriser cette démarche à travers l’examen de travaux pédagogiques et professionnels associant design et sciences sociales.


Programme :


9h-9h30 : Introduction de la journée
Anthony MASURE, Design, MCF, Université Toulouse 2, LLA-CREATIS
 

De récentes thèses en design abordent les relations entre design et sciences sociales. Il est également de plus en plus fréquent que des projets de master en design comportent des études de terrain permettant d’interroger des présupposés. Cette introduction se proposera d’une part d’examiner les enjeux pédagogiques liés aux sciences sociales dans les cursus de design, et d’autre part de tracer quelques points de réflexion sur ce que peut le design face aux limites de plus en plus floues entre l’existence humaine et le travail à vocation productive (digital labor, etc.).


9h30-10h15 : Le travail à l’épreuve du numérique
Caroline DATCHARY, sociologue, Université Toulouse 2, LISST

Résumé : Pour comprendre l'évolution du travail dans un environnement où se développent des supports techniques de communication qui augmentent la quantité d'informations en circulation, nous proposons une approche en termes d'écologie attentionnelle, afin de prendre en considération la dimension cognitive du travail et l'augmentation des sollicitations attentionnelles, et porter un autre regard sur le travail, où chaque outillage numérique doit être considéré comme un dispositif qui reconfigure notre attention en servant de prothèse et d'extension à nos sens.  Cette analyse sera déployée à 3 niveaux (individu, collectif de travail et organisation) afin d’appréhender le travail différemment et de façon générique, d’intégrer le rôle du management et de l’organisation et d’éviter les écueils d’une approche individuelle des compétences ou celle d’une vision technocentrée.

10h15-10h30 : Pause

10h30-12h :
Séverine MARGUIN, sociologue, Humboldt University, Berlin
Friedrich SCHMIDGALL, designer d'interactions, Humboldt University, Berlin

Résumé : Dans le cadre de notre projet de recherche « ArchitecturenExperimente » au sein du Cluster d'excellence « Image Savoir Gestaltung » de l'Université Humboldt de Berlin, nous menons depuis 2015 une recherche sur les liens entre espace et pratiques de recherche : qu’est-ce que fait l’espace aux pratiques de recherches et que font les pratiques de recherche à l’espace ? La « zone expérimentale », objet de cette conférence, est un open space dans lequel travaillent trente chercheurs du Cluster venant de différentes disciplines. Nous introduisons tous les deux mois un changement architectural physique, numérique, ou encore social, dont nous observons les éventuelles répercussions sur les pratiques de recherche. Cette expérimentation de l'espace implique aussi une expérimentation du terrain : comment observer ces changements répétés ? Comment distinguer notre influence de celle l’espace lui-même ? Pour relever ce défi, nous suivons une approche collaborative, dans la mesure où nous ne faisons pas de la recherche « sur » mais « avec » les participants. Nous avons également développé une nouvelle méthodologie interdisciplinaire de recueil et de dépouillement des données, inspiré d’un croisement entre des méthodes sociologiques et des méthodes informatiques, architecturales et de design. Nous menons une analyse multiscalaire (à la fois au niveau de la zone expérimentale et au niveau de l’espace personnel de travail) et intégrative (pensant l’espace physique-numérique comme une unité) de l’espace des pratiques de recherches. L’objectif final de notre enquête est d’essayer de déterminer comment ces différentes typologies d’espaces, à la croisée entre individu et collectif, se forment, se superposent, se repoussent.
http://studio.experimentalzone.de

12h-12h30 : Discussion

12h30-13h30 : Pause

13h30-14h15 :
Peut-on penser l’engagement ethnographique comme un studio de design ?

Anne-Lyse RENON, Post-doctorante Telecom ParisTech/ CNRS i3, Membre associée LIAS – IMM (EHESS/CNRS UMR 8178) 

Résumé : Si l’ethnographie et le design sont autant liés (Nova, 2014), c’est qu’ils sont tous les deux proches de la pratique. Il nous semble que cette convergence dépasse toutefois la seule implication tactique (De Certeau, 1980) du projet. Le « studio de design » (Rabinow, Marcus, Faubion, Rees, 2008) est une manière de s’affranchir des attitudes traditionnelles, du fait notamment d’un mythe du travail de terrain (Cefaï, 2010). La recherche récente en design revendique une pluralité de « nouveaux » outils (description, croquis, observation, immersion, etc.), qui sont pourtant les méthodes fondamentales de l’ethnographie et de l’anthropologie (Laplantine, 2015). Nous pensons que celles-ci nécessitent d’être situées dans des contextes disciplinaires et historiques, afin de repenser les studios de design comme des espaces intellectuels de coopération et de collaboration.

14h15-15h :
Hanika PEREZ, designer professionnelle associée, enseignante en design, Institut Supérieur Des Arts de Toulouse (ISDAT-Beaux-Arts)

Brice GENRE, designer professionnel associé, MCF en design, Université Toulouse 2, LLA-CREATIS

Résumé : Si les pratiques du design sont multiples cela semble reposer entre autre sur la diversité et la singularité des méthodologies créatives mises en place par les designers. Dans le cadre de ce thème de conférence Hanika Pérez et Brice Genre, designers au sein de l'atelier A+B, présenteront quelques uns de leurs projets au cours desquels des méthodologies d'analyses inspirées de l'observation en sociologie ont permis de constituer la matière à penser du projet. Cette communication sera l'occasion de présenter les avantages, les difficultés et les limites de ces méthodes dans la conception et la réalisation du projet lui-même.

15h-15h15 : Pause 

15h15-16h15 : Discussion 

16h30 : Conclusion / Clôture de la journée 

Partenaires :
LLA–CRÉATIS

LISST

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Contact :
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