• LabEx SMS - OP10,

Journée d'études | Suivre les pierres

Publié le 20 septembre 2024 Mis à jour le 14 janvier 2025
le 27 septembre 2024
9h-16h05
Université Toulouse - Jean Jaurès, Maison de la Recherche, salle D30
2024-09-27_JE_PierreAnvi_VF
2024-09-27_JE_PierreAnvi_VF

Organisée dans le cadre du projet SMS PierAnvi

Programme

  • 9h-9h45 : Introduction - Pour une anthropologie des pierres, Laurence Charlier Zeineddine (Maîtresse de conférence en anthropologie, LISST-CAS, UT2J)
     
  • 9h50-10h35 : Intermittences minérales en Bretagne intérieure, Nicolas Adell (Professeur en anthropologie, LISST-CAS, UT2J)

    La forêt de Huelgoat, dans le Finistère intérieur, est célèbre pour son chaos granitique. Par la description des singularités de cet écosystème particulier et la présentation contexte historique et social de ce territoire, le texte s’emploie à souligner quelques principes qui gouvernent les comportements des Huelgoatain.e.s vis-à-vis de ces blocs imposants. Placés sous le régime de l’ambivalence et de l’incertitude dans une « forêt vivante », ces rochers fournissent également l’occasion d’une remise en question ce qu’être vivant veut dire.

Pause
 
  • 10h55 -11h40 : La Grande Montagne, Suivre des calcaires et participer d'un temps-paysage, Anne-Sophie Milon (Doctorante en anthropologie des infrastructures et en ethnographie des sciences (CAK/LESC)

    Depuis une enquête ethnographique du Laboratoire Souterrain à Bas Bruit (CNRS), réalisée dans le cadre d'une recherche de Master (MHSTS, EHESS, 2022), la doctorante Anne-Sophie Milon présentera un fragment du temps-paysage géologique de la Grande Montagne (Rustrel, Monts de Vaucluse) où certaines roches calcaires lui ont servi de guide. Elle montrera comment une certaine actualité scientifique, convoquant des politiques institutionnelles, des géologues, des industriels, des non-humains, des autres-que-humains et des acteurs de la Guerre Froide, fait partie intégrante du devenir incessant de la Grande Montagne. Ce récit itinérant sera également l'occasion d'expliciter les possibilités et les limites d'une expérience méthodologique et théorique pour se rendre capable d'enquêter « à hauteur de pierre ».
 
  • 11h45-12h30 : La pierre délaissée. De l'intérêt de mettre en œuvre une approche ethnominéralogiqueRichard Dumez (Maître de conférence en anthropologie, Eco-Anthropologie, MNHN)

    A travers l’études de pierres abandonnées, Il s’agira d’explorer les taxinomies lithiques, peu investies par le champ de l’ethnoscience. Si l’ethnobotanique (Harshberger 1896) et l’ethnozoologie (Henderson & Harrington 1914) émerge au tournant du XIXe s., il faut attendre la fin de années 60 pour l’ethnominéralogie (Haudricourt 1968). Cependant, depuis, aucune étude véritablement aboutie de classifications minérales vernaculaires n’a émergé, à l’exception de l’ethnopédologie (Barrera-Bassols & Zinck, 2003, Jankowski F., 2013). Aujourd’hui, l’ethnominéralogie (comme l’ethnogéologie) n’a de résonnance scientifique que dans le champ de l’archéologie, en tant qu’outil pour comprendre à travers les techniques actuelles (e.g. en poterie, Arnold 1971) les techniques passées.

Pause déjeuner
 
  • 14h30 -15h15 : Pierres et fonction fabulatrice, de Bergson à Caillois, Marina Seretti (Maîtresse de conférences en philosophie, Université de Bordeaux Montaigne)

    Dans l'un de ses derniers essais, Le Champ des signes (1978), Caillois nous invite à voir dans les pierres non seulement des images fantastiques et les œuvres d'un art naturel, qui défie par avance celui des hommes, mais aussi des poèmes, et plus précisément cette forme première, orale et collective, de poésie qui permet aux hommes de faire société en s'apprivoisant au monde : mythes, contes ou fables, au premier chef Le joueur de flutes de Hamelin. Ce faisant, "l'homme qui aimait les pierres" renoue avec l'une de ses toutes premières études, La Mante religieuse (1934), placée sous l'égide de Bergson et de la "fonction fabulatrice". Comment comprendre le transfert qui s'opère de la mante religieuse et des sociétés d'insectes aux agates paradoxales et autres pierres fantastiques ? Comment rendre compte de l'expérience religieuse qui en découle ? Il s'agira in fine d'interroger la "mystique matérialiste" à l'œuvre dans les pierres-poèmes de Caillois.
 
  • 15h20-16h05 : Pierres à "dévotion" et "bonnes fontaines", Jean-Pierre Cavaillé (Maître de conférence en anthropologie, LISST-CAS, EHESS)

    Dans le paysage des "bonnes fontaines" (fontaines guérisseuses) la présence du végétal (arbres, buissons) et de la pierre (bâtie ou non) est de la plus grande importance. Il arrive que des roches elles-mêmes, creusées, imprimées, soit des objets et des instruments de "dévotion" (c'est-à-dire thérapeutiques), associées, comme les fontaines elles-mêmes, à des récits mettant en scène des actions et le corps des saints aux pouvoirs surnaturels.