Séminaire Sémécol | Les émotions face aux ravages écologiques : quels enjeux politiques ?

Publié le 27 octobre 2022 Mis à jour le 1 mars 2024
le 25 novembre 2022
14h30 - 17h
Salle San Subra, 2 rue San Subra à Toulouse
Sémécol 2022.11.25_Les émotions face aux ravages écologiques
Sémécol 2022.11.25_Les émotions face aux ravages écologiques

Présentation

À l’heure où le désastre écologique s’accélère, les enquêtes témoignent de préoccupations grandissantes pour le présent et l’avenir de la vie sur Terre. Toute une gamme d’émotions semble possible : de la tristesse à la colère, de la peur au désespoir, de la sidération à la combativité… C’est pourtant souvent le terme d’« éco-anxiété » qui est retenu. Mais que dit, et que masque, ce concept omniprésent qui semble tout recouvrir ?

Sur d’autres sujets – comme la montée de l’extrême droite ou les ravages du capitalisme – le sentiment qui prédomine reste la colère, souvent décriée. Pourquoi une telle différence ? N’y a-t-il pas des militant·es climat en colère ou des manifestant·es pour la défense des retraites inquièt·es de leur avenir et de celui de leurs enfants ? L’éco-anxiété serait-elle la seule réponse socialement acceptable à la situation que nous vivons ?

Entre l’écothérapie, le coaching par la nature ou la thérapie verte, les propositions parfois onéreuses ou en ligne ne manquent pas aujourd’hui pour être accompagné·e dans sa « transition intérieure ». Dans ce cadre là, l’éco-anxiété semble une réaction d’impuissance à traiter individuellement. La question écologique, réduite au manque de prise de conscience, est alors personnalisée, interprétée selon un prisme moral ou pathologique évacuant tout conflit. Toutefois, le changement social nécessaire peut-il être réduit à une compilation de transformations ou guérisons individuelles ? L’action politique n’est-elle pas le meilleur remède pour répondre à l’éco-anxiété ?

Dans un premier temps nous verrons comment l’écologie politique qui questionnait nos conditions de vie s’est parfois assagie en une quête de salut individuel, du côté du développement personnel plus que de la critique sociale.

Puis, dans un mouvement similaire, nous interrogerons en quoi l’écopsychologie, née dans la contre-culture américaine des années 1970, a progressivement été dépolitisée et captée par le business du « Bien-être » en Europe. Heureusement, certains professionnels de l’accompagnement résistent. Comment essayent-ils de donner à leur activité une portée subversive ? Face aux catastrophes, n’a t-on pas aussi besoin de réinventer des pratiques collectives de prendre-soin, par delà la culture des experts ? Ces questions seront notamment éclairées par des exemples d’initiatives en milieu militant. Et si nous apprenions à accueillir les émotions, et les douleurs parfois tabous, pour les transformer en pouvoir d’agir et de retisser des mondes ?
 

Programme

 
  • « L’éco-anxiété», un terme pour canaliser les réactions à la catastrophe écologique ? - Aude Vidal, anthropologue de formation, autrice notamment d’Égologie. Écologie, individualisme et course au bonheur (Le Monde à l’envers, 2017) et La Conjuration des ego (Syllepse, 2019).
 
  • L’écopsychologie : entre business du « bien-être » et changement social - Michaël Bonnet, éducateur spécialisé, auteur du mémoire Réinventer les pratiques de soin face au Cosmocide : Alterpolitique et écopsychologie radicale (Master 2 de Psychanalyse, Philosophie et Economie Politique du Sujet, UT2J, 2021).