Mondes marchands ; animation sociale des marché

 

Présentation

S’il fallait présenter en deux mots l’opération Mondes marchands, on pourrait dire qu’elle s’intéresse, d’une façon très ouverte et en même temps, précise, à l’animation sociale des marchés et, ce faisant, à la façon dont les échanges « font société », c’est-à-dire nouent des liens, produisent des identités, transforment les schémas cognitifs, créent ou dépassent des asymétries, aménagent les lieux d’échange et déplacent les manières d’acheter, de vendre, et in fine d’être ensemble.
La notion d’animation sociale des marchés possède au moins deux sens : animer, c’est d’abord gérer, maîtriser, faire bouger, déplacer. L’enjeu est celui de la gestion, de l’« organizing », qui consiste à avoir prise sur le monde et sa transformation, comme le montrent l’action des entrepreneurs, la définition et la mise en œuvre des stratégies d’entreprise ou la mise au point de plans marketing. Animer, c’est aussi donner une âme : l’un des enjeux de l’action économique est de produire des significations, de retravailler les identités et les motifs d’agir des personnes. L’action marchande combine ces deux dimensions. Par exemple, les programmes de fidélisation de la clientèle visent à capter et à retenir des clients (l’animation comme mise en mouvement) et à jouer sur les motivations de ces derniers pour y parvenir (l’animation comme proposition d’une orientation cognitive).
L’étude de l’animation sociale des marchés engage l’ensemble des sciences sociales, à commencer par l’histoire, qui permet de mettre au jour l’évolution des cadres et des cultures marchandes, et des formes relationnelles qui l’animent et qu’elle suscite. Elle concerne aussi la géographie, dans la mesure où l’échange économique, plus que toute autre activité sociale sans doute, est à la fois un phénomène situé (les transactions, en dépit de l’économie, se déploient avant tout sur des « places » de marché) et un fantastique moteur de circulation (des biens, des services et des personnes). Elle engage les sciences politiques, tant, depuis Polanyi, nous savons à quel point formes politiques et réalités marchandes sont profondément liées. Elle convoque enfin la sociologie qui s’est donné pour tâche de tracer les réseaux qui président à l’échange, et aussi d’inventorier les acteurs et les dispositifs qui façonnent les relations marchandes et, au-delà, les contours de notre société.