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Politisations ordinaires. Pratiques populaires et actions politiques (XIVe-XIXe siècle)
Activités scientifiques du projet
- 6 Décembre 2018, 15h-18h, Paris, Journée d'étude "Les politisations ordinaires et la fabrique du commun (XVIe-XIXe siècles)
- Décembre 2017. Dossier « Politiques du commun (XVIe-XIXe siècles) », Claire Judde de Larivière dir., Politix, 119, 2017/3.
- 7 octobre 2016, Venise, Venice International University (San Servolo)Colloque international "Unrest in Venice. Popular Politics in an Aristocratic Republic"Co-organisation Maartje van Gelder (University of Amsterdam), Claire Judde de Larivière (Université de Toulouse/Labex SMS), avec le soutien de Venice International University, Humanities Research Centre/University of Warwick,Renaissance Studies/University of Warwick and the Fritz Thyssen Foundation
- 31 mars 2016, Boston, Renaissance Society of America, Annual Conference. Sessions: “(Dis)order and Popular Politics in Renaissance Venice. From Actions to Representations". Co-organisation Maartje van Gelder (University of Amsterdam), Claire Judde de Larivière (Université de Toulouse/Labex SMS).
- Vendredi 4 mars 2016, "Cold Politics in Premodern Europe". Workshop, Birkbeck College, University of London. Organisé par John Arnold (Birkbeck College, University of London), Tom Johnson (University of York) et Claire Judde de Larivière (University of Toulouse, Labex SMS). Avec la participation de Christopher Dyer (Leicester), Christopher Fletcher (CNRS), Richard Goddard (Nottingham), Eliza Hartrich (Oxford), Beat Kümin (Warwick), Christian Liddy (Durham), Alma Poloni (Pisa), Laure Verdon (Aix-Marseille), Brodie Waddell (Birkbeck)
- 2015-6 (Toulouse, Paris, Aix-Marseille). Séminaire « Crises politiques, conjonctures fluides et formes ordinaires de politisation ». Co-organisation : Claire Judde de Larivière (Université de Toulouse/Labex SMS), Julien Weisbein (IEP Toulouse). Participants : Déborah Cohen (Rouen), Quentin Deluermoz (Paris XIII), Jérémie Foa (Aix-Marseille), Thomas Glesener (Aix-Marseille), Samuel Hayat (CNRS), Rachel Renault (EHESS), Gildas Tanguy (Sc. Po Toulouse).
- 13 avril 2015, Université de Toulouse - Jean Jaurès, Révoltés. Acteurs et récits de la révolte en Italie (XIVe-XVIIe siècles). Organisation : Salvatore Lo Piccolo, Claire Judde de Larivière. Programme.
- 27-28 février 2015, Université d’Amsterdam, People, Politics and Protests in Venice (15th-17th c). Organisation: Maartje van Gelder, Claire Judde de Larivière. Programme et call fo paper.
- 5 décembre 2014, Université de Gand, Les institutions de mobilisation populaire / Institutions of Popular Mobilisation. Organisation : Jan Dumolyn, Jelle Haemers, Rafael Oliva Herrer et Claire Judde de Larivière. Call for paper (English) et argumentaire (English/Français).
- 11 octobre 2014, 17èmes Rendez-vous de l'histoire de Blois "Les rebelles", Révoltes populaires et formes de politisation du Moyen Âge à l'époque moderne
16 mai 2014, Université de Toulouse Agents subalternes et street level bureaucrats (XIV-XIXe s.).
- 15-16 novembre 2013, Université de Séville : Circulación y consumo de discursos políticos entre la gente común a fines de la Edad Media.
Présentation du projet
Le projet Politisations ordinaires a pour objectif d’analyser les compétences politiques et pragmatiques, les savoirs ordinaires, la capacité d’expertise et d’action des gens ordinaires, dans une optique historique large. Il s’applique en particulier à étudier la genèse et la configuration de ces éléments du XIVe au XIXe siècle, de façon à montrer comment les gens ordinaires participent de manière déterminante à la structuration des mondes sociaux, qu’ils collaborent aux institutions politiques ou qu’ils en soient exclus. Le projet vise en outre à mettre en perspective ces éléments historiques avec les terrains contemporains des politistes et des sociologues, de façon à analyser l’historicité de l’action publique des gens ordinaires du XIVe siècle à nos jours.
Enjeux de définition
Comment rendre compte de la densité et de la complexité sociologique des groupes populaires ? Comment réarticuler les terminologies haut/bas, dominants/dominés, faibles/puissants, sans nier leur pertinence à l’échelle macro, mais en les affinant à l’échelle micro ? Quels sont les mots employés par les acteurs eux-mêmes ? Existe-t-il une conscience collective avant le XIXe siècle, sous une forme évidemment différente d'une conscience de classe ? Comment l’identifier ? Quelles sont les distinctions entre milieux ruraux et milieux urbains ?
L’exercice de l’autorité
Une multitude de fonctions et de tâches étaient remplies par les gens ordinaires. Un travail de micro-analyse du pouvoir permet d’explorer l’action des officiers, administrateurs, sergents, gendarmes, qui appliquaient les décisions du pouvoir, mais participaient également à leur élaboration en situation.
Quelles compétences pragmatiques leur permettaient de garantir l’ordre public ? Quels savoir-faire déployaient-ils pour exercer leur tâche ? Quelles étaient les institutions – politiques, administratives, professionnelles, religieuses – dans lesquelles ces compétences s’exprimaient ?
Par exemple, dans la construction d’une administration républicaine au moment de la Révolution française, comment les hommes intégrèrent-ils les administrations en formation ? Comment ceux qui parvinrent à ces postes pour des raisons avant tout politiques et parfois sans avoir les compétences formelles nécessaires parvinrent-ils à s’accommoder de leur ignorance, soit par une acculturation rapide, soit par divers jeux visant à masquer leurs manques (qui sont souvent documentés justement quand ils ont été repérés par la hiérarchie) ? Il s’agit de voir s’ils réussirent à créer ou, plus modestement, à suivre, des règles d’administration, s’ils les contestèrent et au nom de quoi.
De même, dans le cadre de la monarchie hispanique, l’Empire offrait aux sujets du Roi catholique un éventail de possibilités. Le service du roi à Madrid, dans les provinces ou dans les vice-royautés américaines requérait son lot de soldats mais également de gratte-papier. Dans les tribunaux et les administrations, un groupe aux origines sociales incertaines parvint ainsi à se hisser à un rang relativement confortable. Leurs compétences ne leur conféraient pas de pouvoir officiel, et ils restaient cantonnés à des tâches de copie et d’archivage. Toutefois, leur pratique et leur position intermédiaire (entre d’une part, les solliciteurs, les administrés ou les justiciables et, d’autre part, les hommes de pouvoir ; position étudiée par la sociologie sous le titre de broker) leur donnaient un pouvoir informel. Dans des sociétés d’Ancien Régime reposant fortement sur le clientélisme, peu de travaux ont porté sur les parties inférieures et intermédiaires des relations de patronage. L’analyse sociale (famille, amitiés, liens patron-client) de ces hommes de papier de l’administration hispanique, accompagnée de l’étude fine de leur pratique professionnelle et de leur capacité politique informelle, devraient permettre de comprendre un aspect méconnu du pouvoir et de la société.
Contestation
Comment aborder la question des révoltes et de la contestation par des sources endogènes ? Quelles sources utiliser pour dépasser le seul point de vue des dominants (sources judiciaires, testaments, ego-documents) ? Comment la violence peut également être productrice de régulation ; le soulèvement, l’émeute, le désordre produire et permettre la revendication du retour d’un ordre, de réimposer des règles autrefois existantes, de se revendiquer d’une loi qui n’est plus mais qu’on invoque souvent néanmoins ? Quelles compétences revendiquent les acteurs durant et après l’émeute?
Compétences sociales et professionnelles
Les formes d’expertise profanes
Sens critique, sens moral
Sources
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- Régulation Comment les gens ordinaires négocient, collaborent, ajustent, s’accommodent par rapport à la loi et aux règles ? Comment participent-ils à la construction des règles, du droit, des institutions, de la justice et du pouvoir ? Comment des acteurs, a priori privés de tout droit politique, interagissent en réalité en permanence avec les gouvernants, modifiant et influençant les structures du pouvoir ?
- Dispositifs Quels sont les dispositifs du pouvoir dans les sociétés d’Ancien Régime ? Comment le fait que les gens ordinaires n’aient quasiment pas accès à l’écrit conditionnait et limitait leur accès au pouvoir et à l’action publique ? Quels sont les dispositifs dont ils disposaient pour organiser, structurer le monde social, dans le cadre d’une action politique et institutionnelle, comme dans leur négociation avec les détenteurs du pouvoir légitime ? En quoi les travailleurs peuvent-ils s’appuyer sur une compétence technique, un savoir technologique, pour imposer leur influence et leurs choix dans le monde social ?