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Réseaux, communication et goûts musicaux des 15-25 ans. Une recherche collaborative
Entre septembre 2013 et avril 2014, a été réalisée une recherche collaborative par questionnaire sur les préférences musicales, la communication et les relations sociales des 15-25 ans de l’académie de Toulouse. Cette enquête a associé un groupe de chercheurs du labex « Structurations des Mondes Sociaux » (SMS), 38 professeurs de sciences économiques et sociales de 24 lycées de l’académie et leurs élèves de seconde et de première (1346 élèves). L’idée était de faire participer les élèves aux principales étapes d’une enquête sociologique : conception, collecte des données, analyse et interprétation.
Le questionnaire élaboré entre septembre et décembre 2013, a été passé par les élèves en janvier et février 2014. Chaque élève devait interroger 2 ou 3 personnes de 15 à 25 ans, en essayant de varier les âges et en recherchant des enquêtés en dehors de sa classe. Les enquêtés devaient citer des morceaux de musique (4 au maximum) qu’ils avaient appréciés dans la période récente. Si le morceau leur avait été conseillé par une personne de leur connaissance ou si eux-mêmes l’avaient conseillé à quelqu’un, l’enquêteur notait le prénom de la personne. L’enquêteur montrait ensuite la liste de noms et demandait s’il manquait des personnes proches. Il en ajoutait alors jusqu’à atteindre un maximum de 8. Enfin, il demandait à l’enquêté de citer des personnes rencontrées en ligne (2 au maximum). Plus de 2000 questionnaires ont été saisis en classe par les élèves enquêteurs sur une application développée par l’un des professeurs, Jean-Pierre Malrieu.
Le groupe de chercheurs de SMS comprend : Martine Azam, Marianne Blanchard, Johann Chaulet, Caroline Datchary, Julien Figeac, Michel Grossetti, Laurent Laffont, Benoît Tudoux. Le groupe des professeurs de sciences économiques et sociales est animé par Jean-Pierre Malrieu et Roxanne Saur.
Le questionnaire élaboré entre septembre et décembre 2013, a été passé par les élèves en janvier et février 2014. Chaque élève devait interroger 2 ou 3 personnes de 15 à 25 ans, en essayant de varier les âges et en recherchant des enquêtés en dehors de sa classe. Les enquêtés devaient citer des morceaux de musique (4 au maximum) qu’ils avaient appréciés dans la période récente. Si le morceau leur avait été conseillé par une personne de leur connaissance ou si eux-mêmes l’avaient conseillé à quelqu’un, l’enquêteur notait le prénom de la personne. L’enquêteur montrait ensuite la liste de noms et demandait s’il manquait des personnes proches. Il en ajoutait alors jusqu’à atteindre un maximum de 8. Enfin, il demandait à l’enquêté de citer des personnes rencontrées en ligne (2 au maximum). Plus de 2000 questionnaires ont été saisis en classe par les élèves enquêteurs sur une application développée par l’un des professeurs, Jean-Pierre Malrieu.
Plus de 8000 relations interpersonnelles sont documentées. 90% des personnes citées par les enquêtés sont considérées comme proches, il s’agit donc principalement de liens « forts » au sens que les spécialistes des réseaux sociaux donnent à ce terme. 78% des personnes citées par les enquêtés sont « amies » avec eux sur un site de sociabilité en ligne (75% pour Facebook, principal dispositif cité), cette proportion étant d’autant plus élevée que les liens sont forts lorsqu’il s’agit de personnes du même âge. En revanche, un quart seulement des parents cités sont « amis » des enquêtés sur ces dispositifs. 343 des personnes citées (4,4%) ont été rencontrées en ligne. Il s’agit principalement de copains ou de camarades (44%), d’amis proches (34%) et de relations amoureuses (10%). Les premières analyses de ces données relationnelles retrouvent des résultats habituels : homophilies diverses ; résistance des liens les plus forts — familiaux principalement — à l’éloignement géographique ; importance des contextes collectifs dans la genèse des relations.
Les questionnaires contiennent 5566 citations de morceaux de musique, artistes ou genres musicaux. Ces musiques ont été découvertes par les enquêtés après qu’elles leur aient été recommandées par une personne de leur connaissance dans 35% des cas. Dans 27% des cas, ils les ont découvertes par l’intermédiaire de médias classiques (radio, télévision, presse écrite), dans 8% des cas par des médias spécialisés (Deezer, etc.), 22% dans des réseaux numériques, 3% en concert. Dans 48% des cas, ils ont conseillé la musique à une personne de leur connaissance.
Une analyse à poursuivre
Les données recueillies dans cette enquête sont très riches mais demanderont des mois de travail pour être analysées. En effet, un certain nombre de questions avaient été laissées volontairement ouvertes (sans proposition de réponse), ce qui implique un long travail de normalisation et de codage. Il faudra certainement compléter cette enquête par des entretiens et la prolonger sur d’autres tranches d’âge. On peut toutefois considérer dès à présent que cette expérience est un succès. Les professeurs ont effectué un travail impressionnant, la plupart des élèves se sont impliqués avec beaucoup d’enthousiasme et d’efficacité. Les données sont d’une très bonne qualité du point de vue des chercheurs.