[Archives] Les nouvelles formes du vieillissement

 
 

Présentation

Les données existantes sur les populations âgées (tant quantitatives que qualitatives) permettent de saisir une photographie de catégories d’âge dans un temps T. Par exemple, on connaît le nombre de personnes à domicile à 85 ans, on peut connaître leur état de santé, leur réseau familial, leurs expériences du vieillir, leurs rapports aux dispositifs de soin, etc.

Cependant, on sait peu de choses sur ce qu’elles étaient à 65 ans et sur les conditions qui ont fait qu’elles sont encore en vie  et encore pour certaines en très bonne santé, sur ce qu’elles deviendront.  Des projections sont possibles et se font notamment sur la proportion des « dépendants », sur le nombre des « aidants » potentiels (INED), mais il manque des données sur des suivis plus fins qui pourraient mieux saisir le sens des évolutions. 

La sociologie du « grand âge » analyse le vieillissement comme un processus et comme une série de transitions tant biographiques que relationnelles qui traversent et donnent du sens à cette dernière partie du parcours de vie. Elle met en avant notamment l’absence de linéarité dans ces parcours et leur hétérogénéité. On sait par exemple que, même si l’espérance de vie sans incapacité augmente dans les tranches d’âge les plus élevées, les inégalités sociales et de genre persistent. 

L’analyse de ces transitions et de ces situations serait enrichie par des suivis longitudinaux. L’intérêt de cette méthode est d’une part d’éviter l’écueil de la fixation de catégories d’âge (les séniors, le 3ème âge, le 4ème âge etc.), d’en rendre sensible les limites..

D’autre part de saisir des évolutions dans une même cohorte (une même génération suivie sur une durée assez longue), ce qui permettrait d’obtenir des données sur les caractéristiques sociales d’une génération particulière et ses évolutions. (Pour exemple, une enquête épidémiologique menée à Toulouse (INSERM)., auprès d’un échantillon de personnes âgées de 75 ans a montré que 5 ans plus tard, parmi les personnes décédées, se trouvaient celles qui avaient exprimé un sentiment d’inutilité).

Prenons l’exemple des baby-boomers. Cette génération qui a connu des changements sur le plan de la qualité de vie, des acquis sociaux, des transformations familiales, des valeurs sociales (montée en valeur de l’autonomie)…comment va–t-elle vieillir ? On peut penser qu’elle peut faire évoluer le rapport à et le regard sur la vieillesse, qu’elle aura d’autres pratiques de solidarité, d’autres usages des dispositifs de soins (familiaux comme professionnels ou institutionnels), mais est-elle aussi homogène qu’on le pense ? Modifiera t-elle ses comportements autant qu’on l’imagine ? Ces études devraient permettre, en contribuant à la connaissance des parcours de vie,  à travers certaines dimensions à identifier, d’une part d’enrichir les savoirs sur la life course, méthode déjà en partie mis en œuvre par certains travaux (américains notamment), d’autre part à rendre plus pertinents et plus en adéquation avec la demande, les choix en matière de politiques vieillesse par exemple.

Des recherches ont été pionnières dans le domaine (celles de F Cribier sur les parcours résidentiels de deux cohortes de retraités parisiens et sur les fins de vie ; celle de C Lalive d’Epinay sur des personnes de 80 à 84 ans suivies sur 5 ans- (enquête Swilsoo). Nous proposons de suivre deux cohortes de personnes âgées, l’une de 60 à 65 ans, l’autre de 75-85. Cela permettra de les comparer sur plusieurs points : état de santé, réseau social (dont familial), activités, pratiques résidentielles, rapports aux dispositifs de soins…une même cohorte de 65 ans (hommes et femmes) au moment de l’enquête et les suivre sur 5 ou 10 ans ( échantillon CNAV, accès par internet…).